De l'âne qui parle au cheval blanc : la monture de Dieu
La Bible rapporte que le devin Balaam, au lieu de maudire les Israélites ainsi que le roi Balak lui avait ordonné, sera conduit par l'action du Seigneur à les bénir, renversant ainsi une situation épique, et ce grâce à une ânesse qui prend la parole ainsi que l'ange du Seigneur qui se met en travers de sa route (Nombres 22,21-34).
Balaam apparaît dans la Bible au pays de Moab comme étant un devin habitant à Petor au service du roi Balak. Ce dernier s'oppose à l'arrivée des Hébreux craignant que leurs bêtes ne broutent toute l'herbe de ses terres. Balak sollicite alors l'aide du devin Balaam afin qu'il maudisse les nouveaux arrivants. Balaam avait été un homme de bien et un prophète de Dieu. Mais quoique se donnant encore pour un serviteur du Très-Haut, il avait renoncé à la piété pour s'adonner à la cupidité. Il n'ignorait pas que Dieu avait choisi Israël et que son devoir était de refuser les présents de Balak. Sa vénalité est excitée par la riche récompense et les honneurs qu'on lui promet. Il accepte donc les dons qu'on lui offre, et, tout en prétendant vouloir suivre strictement la volonté de Dieu, il cherche le moyen de satisfaire Balak.
Mais Balaam reçoit une vision de l'ange du Seigneur lui enjoignant de ne pas s'opposer au peuple béni par le Seigneur. Cependant, devant l'insistance des envoyés du roi, Balaam accepte finalement de partir et monte sur son ânesse à leur rencontre dans les steppes de Moab à la hauteur de Jéricho (Nb 22, 22-23) :
Mais, comme il partait, la colère de Dieu s'enflamma et l'ange du Seigneur se posta sur le chemin en adversaire, tandis qu'il s'en allait, monté sur son ânesse et accompagné de ses deux serviteurs. L'ânesse vit l'ange du Seigneur posté sur le chemin, son épée dégainée à la main ; elle quitta le chemin et prit par les champs. Balaam frappa l'ânesse pour la ramener sur le chemin.
La situation était périlleuse, car l'animal saisi de crainte à la vue de l'ange – invisible aux yeux de Balaam - refuse d'obéir à son maître ; celui-ci redouble alors ses coups sur sa pauvre monture finissant par se coucher sur lui. Balaam, ivre de colère, frappe de nouveau son ânesse qui se mit soudainement à lui parler :
Alors le Seigneur ouvrit la bouche de l'ânesse qui dit à Balaam : « Que t'ai-je fait pour que tu me frappes par trois fois ? » Et Balaam dit à l'ânesse : « C'est que tu t'es moquée de moi ! Ah ! si j'avais à la main une épée, à l'instant je te tuerais !
C'est alors que le Seigneur ouvrit les yeux de Balaam qui aperçut l'ange du Seigneur posté sur le chemin et comprit la raison de la peur de son ânesse. L'ange reprocha à Balaam d'avoir frappé par trois fois sa monture alors même qu'elle s'était détournée également trois fois de lui, ce que son maître n'avait pas fait. Ce dernier avoua alors humblement :
J'ai péché. Je ne savais pas que tu étais là, posté devant moi sur le chemin. Mais, maintenant, si c'est mal à tes yeux, je vais m'en retourner. Mais l'ange du Seigneur dit à Balaam : « Pars avec ces hommes ! Mais tu diras seulement ce que je te dirai de dire !

Une situation renversée
L'animal se trouve dans ce récit plus intelligent que son maître, plus voyant que son maître sensé être voyant de Dieu. Le monde animal a ici une perception plus fine que l'humanité. En ces temps bibliques, un âne – contrairement à notre époque – était un des biens les plus précieux et son image était loin d'être péjorative. La Bible souligne ainsi que l'ânesse de Balaam se trouve plus clairvoyante que son maître puisqu'ayant vu l'ange du Seigneur elle s'était écartée de lui par respect, ce que ne comprit pas Balaam. L'ânesse rejoindra ainsi l'âne de la crèche et surtout l'ânon sur lequel Jésus entra dans Jérusalem avant sa Passion, ces animaux témoignant de la sainteté du Seigneur parfois plus vite que les hommes…
Les ânes dans la Bible
Les rameaux : l'entrée de Jésus à Jérusalem sur un âne
L'âne «instrument» des desseins du Très Haut trouve confirmation dans le Nouveau Testament. On pense que c'est sur cette monture que la sainte famille a fui en Egypte, même si ce n'est pas dans la Bible.

La Fuite en Égypte par Vittore Carpaccio (1500)
C'est également sur un ânon que Jésus entre à Jérusalem. Un épisode abondamment commenté par les exégètes, et qui revêt plusieurs interprétations possibles. Le Christ monte l'animal aux longues oreilles, comme pour nous dire « que celui qui a des oreilles entende», pour entrer dans Jérusalem et y mourir.
L'ânon, par sa petitesse, sa lenteur et sa fragilité, est un signe de l'humilité du Christ, note Jacques Rime. Le passage renvoie au prophète Zacharie qui annonçait: «Voici que ton roi s'avance vers toi; il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne – sur un ânon tout jeune.» (Za 9,9)
Une monture «dont le Seigneur a besoin», précise Jésus aux disciples qui s'en vont chercher l'animal. Ou les animaux, car le texte biblique n'est pas très clair, et certains pensent que le Christ a pu être monté sur une ânesse accompagnée de son poulain.
Mais l'âne, alors que le cheval a été introduit tardivement en Palestine, a aussi longtemps été une monture de princes, utilisée pour la guerre. Dans le Livre des Juges, Déborah s'adresse aux puissants d'Israël en leur disant: «Vous qui montez des ânesses blanches, vous qui siégez sur des tapis, et vous qui marchez sur la route, parlez» (Jg 5,10) Pour l'abbé fribourgeois, l'entrée «asinesque» à Jérusalem a ainsi pu servir à souligner la royauté de Jésus.

L'entrée de Jésus à Jérusalem, par Pietro Lorenzetti, 1320
Dans le dictionnaire biblique de Westphal, nous lisons sous l'article « âne » que l'animal se dit en hébreu arôd, père, khamor, âthon, ayir ; et en grec, onos. La multiplicité des noms donnés à cet animal indique son importance dans la Bible.
Les deux premiers termes « arôd » et « père » concernent l'âne sauvage. Il a disparu de la Palestine et de son voisinage immédiat. On le retrouve dans l'Asie orientale et dans l'Asie centrale.
L'Arôd est mentionné deux fois. Dans Job 39,8, il est mis en parallèle avec « père ». Daniel 5,21 présente Nébucadnetsar frappé de folie, vivant parmi les ânes sauvages.
Le père est cité beaucoup plus souvent : Job 6,5 11,12 24,5 39,8-11, Esaïe 32,14, Jérémie 2,24 14,6 Osée 8,9 décrivent ses mœurs et relèvent son caractère farouche et indomptable, sa prédilection pour les pires solitudes. Dans Genèse 16,12, l'ange déclare à Agar qu'Ismaël sera semblable à un âne sauvage.
L'âne était l'antique monture des Hébreux, la monture de David et de ses ancêtres. L'importation des chevaux en Israël avait coïncidé avec les infidélités et le luxe ruineux de Salomon. Mettre sa confiance dans les chevaux, s'appuyer sur l'homme, renier Dieu, c'était tout un pour le rédacteur d'Esaïe 31,1, d'Osée 14,3 et de Michée 5,9). Aussi les prophètes devaient-ils représenter le Messie restaurateur des jours de piété et de gloire, comme un roi monté sur un âne. » (Westphal.)
L'âne était la monture qui convenait au Prince de la Paix. (cf. Matthieu 21,1 et parallèles). Avant l'introduction tardive du cheval dans l'Asie Antérieure et en Égypte (vers 2 500 av. J.- C), l'âne servait à la guerre. Les fouilles récentes d'Ur en Chaldée en font foi. La tombe n° 277 (vers 3 100 av. J.-C.) a livré des coquilles gravées ; sur l'une d'elles figure, en tête d'un cortège militaire, un roi suivi de son char attelé de quatre ânes.
L'Écriture évoque surtout l'âne domestique, descendant de l'âne sauvage. Le Guide de la faune et flore bibliques (par Jean Emériau, DDB) en donne une description détaillée. « Il est opiniâtre, parfois obstiné mais fort, patient, endurant et facile à nourrir, se contentant de chardons, d'herbes sèches et épineuses accompagnées de plantes aromatiques. Sa peau dure et coriace le protège du soleil. Durant sa vie relativement longue (de vingt-cinq à trente ans), il est de tous les travaux, de toutes les corvées, de tous les déplacements. » En temps de paix, il tourne la lourde meule, indispensable à la fabrication du pain. Apte aux labours, il est aussi capable de longs trajets sur des sentiers rocailleux – son sabot, creux en dessous et aux bords aigus, lui évite de glisser. Familier des paysages méditerranéens, où la population a toujours pris soin de lui, il est considéré comme un animal de prix dans la Bible, ainsi que comme une monture de prince.
Jésus-Christ sur un cheval blanc

Apocalypse 19,11 : "Puis je vis le ciel ouvert, et voici, parut un cheval blanc. Celui qui le montait s'appelle Fidèle et Véritable, et il juge et combat avec justice."
Plus largement, chaque animal est une créature de Dieu
" Et Dieu dit : « Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce, bestiaux, bestioles et bêtes sauvages selon leur espèce. » Et ce fut ainsi. Dieu fit les bêtes sauvages selon leur espèce, les bestiaux selon leur espèce, et toutes les bestioles de la terre selon leur espèce. Et Dieu vit que cela était bon." (Genèse 1, 24-25)
"Tout le gibier des forêts m'appartient et le bétail des hauts pâturages. Je connais tous les oiseaux des montagnes ; les bêtes des champs sont à moi." (Psaume 49 (50), 10-11)
"Le loup habitera avec l'agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l'ourse auront même pâture, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage." (Esaïe 11, 6-7)
La création, et les créatures, nous parlent de Dieu
"Mais interroge donc le bétail, il t'instruira, l'oiseau du ciel, il te renseignera ; parle avec la terre, elle t'apprendra ; ils te raconteront, les poissons de la mer."(Job 12, 7-8)
"Regardez les oiseaux du ciel : ils ne font ni semailles ni moisson, ils n'amassent pas dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Vous-mêmes, ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux ?" (Matthieu 6, 26)
6 semaines pour la Création !
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Dieu a donné à l'Homme une responsabilité envers les animaux
"Avec de la terre, le Seigneur Dieu modela toutes les bêtes des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les amena vers l'homme pour voir quels noms il leur donnerait. C'étaient des êtres vivants, et l'homme donna un nom à chacun."(Genèse 2, 19)
"Le juste connaît les besoins de ses bêtes ; le méchant n'a que cruauté à la place du cœur !" (Proverbes 12, 10)
"De tout ce qui vit, tout ce qui est de chair, tu feras entrer dans l'arche un mâle et une femelle, pour qu'ils restent en vie avec toi. De chaque espèce d'oiseaux, de chaque espèce d'animaux domestiques, de chaque espèce de reptiles du sol, un couple t'accompagnera pour rester en vie." (Genèse 6, 19-20)
"Pendant six jours, tu feras ce que tu as à faire, mais, le septième jour, tu chômeras, afin que ton bœuf et ton âne se reposent, et que le fils de ta servante et l'immigré reprennent souffle." (Exode 23, 12)
Prendre soin des animaux avec l'aide de Dieu
Dieu a confié à l'Homme la création et les animaux qui la composent. Il nous montre ainsi la juste relation que nous devons entretenir avec le monde animal, notamment envers les animaux avec lesquels nous vivons. Que cela soit pour nous nourrir, nous aider dans notre travail ou pour nous tenir compagnie, nous devons les traiter avec respect et bienveillance.
Ni biens à exploiter, ni jouets, ni objets, ils reflètent une part du mystère de Dieu.
Nous pouvons faire bénir nos animaux lors de certaines messes organisées dans les paroisses et les confier à Dieu dans nos prières, notamment quand ils sont malades.
Cette histoire concerne aussi l'adoration
Adorer, ce n'est pas seulement aller à l'église, c'est suivre les instructions de Dieu dans tous les aspects de notre vie. Adorer, c'est obéir à Dieu, écouter sa voix, et dire ce qu'il veut que nous disions. Nous utilisons nos paroles et notre voix pour l'adorer.
Nombres 22,21-34
Le lendemain matin, Balaam se leva, sella son ânesse et partit avec les dignitaires de Moab. Mais Dieu se mit en colère en le voyant partir, et l'ange du SEIGNEUR se posta sur le chemin pour lui barrer la route tandis qu'il cheminait, monté sur son ânesse, accompagné de ses deux serviteurs. L'ânesse vit l'ange du SEIGNEUR posté sur le chemin, l'épée nue à la main; quittant le chemin, elle prit par les champs. Balaam battit l'ânesse pour la ramener sur le chemin. L'ange du SEIGNEUR se plaça alors dans un chemin creux qui passait dans les vignes entre deux murettes. L'ânesse vit l'ange du SEIGNEUR : elle se serra contre le mur. Comme elle serrait le pied de Balaam contre le mur, il se remit à la battre. L'ange du SEIGNEUR les dépassa encore une fois pour se placer dans un passage étroit où il n'y avait pas la place d'obliquer ni à droite, ni à gauche. L'ânesse vit l'ange du SEIGNEUR; elle s'affaissa sous Balaam qui se mit en colère et la battit à coups de bâton.
Le SEIGNEUR fit parler l'ânesse et elle dit à Balaam : « Que t'ai-je fait pour que tu me battes par trois fois? » – « C'est, lui dit Balaam, que tu en prends à ton aise avec moi! Si j'avais une épée en main, je te tuerais sur-le-champ! » L'ânesse dit à Balaam : « Ne suis-je pas ton ânesse, celle que tu montes depuis toujours? Est-ce mon habitude d'agir ainsi avec toi? » – « Non », dit-il. Le SEIGNEUR dessilla les yeux de Balaam, qui vit l'ange du SEIGNEUR posté sur le chemin, l'épée nue à la main; il s'inclina et se prosterna face contre terre. Alors l'ange du SEIGNEUR lui dit : « Pourquoi as-tu battu ton ânesse par trois fois? Tu le vois, c'est moi qui suis venu te barrer la route car, pour moi, c'est un voyage entrepris à la légère. L'ânesse m'a vu, elle, et par trois fois s'est écartée de moi. Si elle ne s'était pas écartée devant moi, je t'aurais tué sur-le-champ, tandis qu'à elle j'aurais laissé la vie sauve. » Balaam dit à l'ange du SEIGNEUR : « J'ai péché, car je n'ai pas reconnu que c'était toi qui étais posté là, devant moi, sur le chemin. Maintenant si ce voyage te déplaît, je m'en retournerai. »
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