Jésus se révèle dans l'hostie

26/06/2025

31 mai 2025 : reconnaissance du premier miracle eucharistique en Inde. Le 15 novembre 2013, en l'église du Christ-Roi à Vilakkannur, le visage de Jésus est apparu miraculeusement sur l'hostie consacrée par le père Thomas Pathickal au moment de l'élévation. Les témoignages collectés affirment qu'une tache s'est formée sur l'hostie et s'est agrandie avant de laisser entrevoir la face du Christ en noir et blanc au centre de l'hostie, semblable à l'image du Suaire de Turin. 

La proclamation a été faite par le nonce apostolique Mgr Girelli lors d'une messe solennelle à laquelle ont participé plus de 10.000 personnes. "Le 15 novembre 2013, lors d'une messe célébrée par le père Thomas dans cette église, l'eucharistie a révélé une image que la science ne semble pas être en mesure d'expliquer". Cependant, le Dicastère pour la doctrine de la foi, par ce décret de reconnaissance, "n'exprime pas une opinion sur l'authenticité surnaturelle du phénomène en tant que telle, il valorise sa valeur pastorale et approuve ses bienfaits spirituels, incluant la possibilité de pèleriner jusqu'ici. Devant cette hostie, vous, fidèles, pouvez vous prosterner en adoration afin d'exprimer la vénération qui est due au Vrai Dieu."

La reconnaissance du Vatican ajoute l'événement de Vilakkannur à une liste exceptionnelle et sacrée d'événements de l'histoire de l'Église qui défient toute explication naturelle mais approfondissent la conviction spirituelle. Dans la plupart des miracles eucharistiques documentés, des saignements dans l'hostie ont été signalés, et des tests scientifiques ont fréquemment révélé la présence de tissu cardiaque humain et de groupe sanguin AB, ce qui concorde avec les découvertes du Suaire de Turin. Le cas de Vilakkannur est différent : il n'y a ni sang ni tissu ; seul un visage, rayonnant et indéniablement humain, apparaît sur le pain lui-même. 

Ce visage, identifié par des témoins comme celui du Christ, a attiré des milliers de personnes au fil des ans. Dans les jours qui ont suivi la messe de 2013, le petit village a été envahi de pèlerins. Les routes étaient encombrées et la police a été appelée pour contrôler la foule. Le phénomène a suscité une fervente dévotion, tandis que les autorités ecclésiastiques ont discrètement gardé l'hostie et ont commencé une enquête théologique et scientifique rigoureuse, conformément aux protocoles du Vatican pour discerner les affirmations surnaturelles.

En septembre 2018, l'hostie a été restituée à l'église et déposée dans un lieu réservé, selon les directives de l'archevêque du lieu George Njaralakatt. Deux ans plus tard, l'hostie a été envoyée à Rome pour des examens plus poussés, en vue d'une éventuelle validation formelle, ce qui vient d'avoir lieu. Lors de la proclamation de la reconnaissance de ce miracle, le nonce a expliqué : « le vrai miracle, c'est celui qui, chaque jour, perpétue dans l'Église le sacrifice de la Croix, la mémoire de la mort et de la résurrection du Christ ». « Ce qui est arrivé ici à Vilakkannur peut être considéré comme une invitation à approfondir notre foi à travers la Présence réelle de Jésus Christ dans l'Eucharistie ».

L'Eglise s'est enfin prononcée en mars 2025. Mgr Joseph Pamplany de Tellicherry, Archevêque du diocèse syro-malabar de Thalassery en Inde, s'est présenté dans cette même église le 31 mai 2025 pour annoncer ce que beaucoup dans la région croient depuis l'évènement du 15 novembre 2013 : « Le Saint-Siège a officiellement reconnu l'événement comme un véritable miracle eucharistique ». En janvier 2024,, selon les instructions du Vatican, l'hostie consacrée a été, après plusieurs examens, envoyée à la Christ University de Bangalore pour des études scientifiques. Une équipe d'experts de l'université, qui est dirigée par la congrégation cléricale syro-malabare des Carmes de Marie Immaculée, s'est occupée de ces études. Finalement, ces études menées en Inde et à l'étranger « ont établi que l'image sacrée est formée de la même substance que celle de l'hostie et qu'il n'y a aucune trace de tout autre matériau », a déclaré le chancelier Muttathukunnel devant les médias locaux

La décision de reconnaître l'événement comme miraculeux n'est venue qu'après des années d'analyse, de prière et de discernement patient. Mais le miracle, a souligné l'archevêque Pamplany, n'est pas une condition de la foi. « La présence réelle du Christ dans l'Eucharistie est un dogme, pas une déduction basée sur des signes », a-t-il déclaré lors de l'annonce. «Un miracle peut aider à éveiller ou à raviver la foi, mais la vérité de l'Eucharistie est fondée sur les paroles mêmes du Christ.» 

En effet, le Catéchisme de l'Église catholique réaffirme que dans l'Eucharistie, le Christ est présent «vraiment, réellement et substantiellement» : Corps, Sang, Âme et Divinité. Chaque messe est, par essence, un miracle, même lorsque nos sens restent impassibles. 

Depuis deux millénaires, ce dogme est parfois contesté, y compris parmi les fidèles et certains membres de l'Eglise… Mais tout au long de l'histoire, de nombreux miracles eucharistiques ont été accordés pour raffermir la foi : ainsi ceux de Lanciano au VIIIe siècle, ou de Bolsena en 1263, à l'origine de la fête du Corpus Domini.Le miracle de Vilakkannur s'inscrit dans cette continuité, aux côtés d'événements récents survenus à Buenos Aires dans les années 1990, à Tixtla au Mexique en 2006, et en Pologne à Sokółka et Legnica en 2008 et 2013.L'enquête canonique a suivi un protocole rigoureux, avec conservation de l'hostie et analyse théologique et scientifique. Dans la plupart des cas étudiés, y compris ici, les analyses ont révélé un groupe sanguin AB, identique à celui retrouvé sur le Suaire de Turin.

Dans chaque cas, le miracle n'a pas modifié la théologie, mais l'a plutôt éclairée. Ce qui distingue Vilakkannur, c'est la délicatesse surprenante du signe. Pas de saignement, pas de dramatisme scientifique, juste une révélation silencieuse qui résonnait avec les paroles des disciples d'Emmaüs : « Notre cœur ne brûlait-il pas au-dedans de nous ? »