L'immortalité existe sur terre : la méduse Turritopsis dohrnii
L'immortalité biologique de la méduse Turritopsis dohrnii est une vérité scientifique mondiale. Dans un environnement stressant, c'est la seule espèce à se régénérer elle-même et à inverser son cycle de vie, retournant indéfiniment à son état de jeunesse. Un processus appelé transdifférenciation, promis un jour à s'appliquer à l'homme.

Commençons par comprendre à quoi ressemble le cycle de vie d'une «méduse mortelle», telle la Turritopsis rubra. Sa reproduction est sexuée : le sperme du mâle féconde les ovules de la femelle et le zygote est alors formé. Le zygote se transforme en larve et dérive jusqu'à ce qu'il se fixe au fond de la mer. Une fois installé, il se transforme en polype et, une fois prêt, se reproduit de manière asexuée. Pour ce faire, elle libère de minuscules méduses de son propre corps, qui vont se développer jusqu'au stade adulte, et se reproduire avant de mourir.

La méduse immortelle Turritopsis dohrnii suit également ce cycle, mais après s'être reproduite, elle ne meurt pas toujours : elle peut choisir une autre voie et inverser son cycle de vie. Son corps de méduse se rétrécit alors pour devenir une sorte de sphère, appelée «cyste». Celle-ci dérive jusqu'à ce qu'elle s'accroche au fond, et génère alors un nouveau polype, qui donnera naissance à de nouvelles méduses (pas plus de 4 millimètres dans tous les océans du monde), entrant ainsi à nouveau dans le cycle. Ce processus peut se produire sans fin et permet à la méduse d'échapper à la mort. Mais derrière le processus visible, le mystère reste entier.

Voici, je vous dis un mystère : nous ne mourrons pas tous, mais tous nous seront transformés, en un instant, en un clin d'oeil, au son de la dernière trompette. La trompette sonnera, alors les morts ressusciteont incorruptibles et nous, nous serons transformés. Il faut en effet que ce corps corruptible revête l'incorruptibilité et que ce corps mortel revête l'immortalité. (1 Corinthiens 15, 51-53)
Les clés de l'immortalité de Turritopsis dohrnii sont inscrites dans son ADN
Des scientifiques de l'Institut de Recherche ADN de Kazusa au Japon ont d'abord publié des résultats en 2023 concernant l'analyse génomique. Pour augmenter la fiabilité du séquençage de l'ADN de la méduse immortelle, ils ont utilisé le génome de 1500 jeunes méduses issues d'un même clone et possédant donc le même ADN. À la suite de cela, un séquençage ADN minutieux a permis d'identifier 23 214 gènes différents avec un grand niveau de confiance.

Mais c'est surtout l'équipe de recherche, dirigée par Carlos López Otín de l'Université d'Oviedo, qui a contribué à déchiffrer le génome de cette méduse immortelle. Les résultats ont été publiés en août dernier dans la revue PNAS. Comment? En lisant lettre par lettre et en écrivant gène par gène tout son ADN, comme s'il s'agissait d'un grand livre d'instructions. Ce grand livre contient toutes les informations permettant aux cellules de remplir leurs fonctions vitales. Ainsi, plusieurs aspects génomiques qui contribuent à la compréhension de l'extraordinaire plasticité et longévité des méduses immortelles ont été définis.
L'une des principales caractéristiques exceptionnelles des méduses immortelles est sa capacité à protéger et réparer son ADN. En effet, dans le monde animal, l'un des facteurs de vieillissement réside dans la dégradation des télomères, des capuchons protecteurs de l'ADN. Cette méduse est capable de produire bien plus de protéines protectrices et réparatrices d'ADN et de télomères que ses congénères. Les chercheurs ont pu découvrir cette formidable capacité d'autoréparation en séquençant le génome de la méduse immortelle et en dénombrant le nombre de gènes responsables de ce quasi-superpouvoir.
Mais ce n'est pas le seul secret que renferment les gènes de son ADN. En effet, la méduse immortelle est aussi capable de maintenir une population élevée de cellules souches, les cellules qui ne sont pas encore différenciées et qui participent à renouveler n'importe quelle type de cellules. De plus, la méduse immortelle est en mesure d'améliorer la communication intercellulaire et de réduire l'environnement oxydatif qui abîme les cellules. C'est autant de capacités qui lui permettent de détenir les clés d'une longévité presque infinie.
Or,tous ces processus sont associés à la longévité et au vieillissement sain chez l'humain. Comme le mentionne le New York Times, l'intérêt pour l'homme n'est pas de revenir à un état embryonnaire comme les méduses en inversant le processus de vieillissement mais bien de le mettre en pause. Cela peut paraître déroutant au premier abord, tant les différences physiques et métaboliques entre l'homme et la méduse immortelle sont grandes. En réalité, au niveau génomique, nous sommes très proches et c'est ce qui donne espoir aux scientifiques de pouvoir appliquer les propriétés de la méduse aux êtres humains.

Ce processus de modification et de régénération des cellules est connu sous le nom de transdifférenciation ou dédifférenciation. Cette transformation n'a pas lieu sur seule volonté de la méduse. Celle-ci se produit lorsque sa survie est très menacée : stress, manque de nourriture ou encore sénescence. Cela permet le saut dans le temps biologique de Turritopsis dohrnii, qui est blen la seule espèce à maintenir son potentiel de rajeunissement élevé (jusqu'à 100 %) dans les stades post-productifs, atteignant l'immortalité biologique. Mieux encore : tous les mécanismes découverts agiraient en synergie, à l'image d'un orchestre, pour inverser le vieillissement, comme si la méduse retournait en enfance… de la même manière que Benjamin Button, personnage bien connu que David Fitcher a mis à l'honneur dans son film au succès retentissant de 2008.
Il (Jésus) nous a sauvés et nous a adressés un saint appel. Et il ne l'a pas fait à cause de nos oeuvres, mais à cause de son propre plan et de sa grâce qui nous a été accordés en Jésus-Christ de toute éternité et qui a maintenant été révélée par la venue de notre Sauveur Jésus-Christ. C'est lui qui a réduit la mort à l'impuissance et a mis en lumière la vie et l'immortalité par l'Évangile... (2 Timothée 1, 9-10)

Le tardigrade
D'autres espèces ont une longévité ou une auto-réparation de leur ADN augmentées
Le tardigrade par exemple utilise une toute autre stratégie : il est capable d'entrer en cryptobiose. Cela signifie qu'il peut évacuer l'eau contenue dans ses cellules et de les réhydrater ultérieurement sans endommager son organisme. Cette impressionnante capacité lui permet de mettre son corps en pause en attendant des conditions de survie plus favorable. La durée maximale de cryptobiose est inconnue mais certains tardigrades sont restés dans cet état pendant plus de 2000 ans dans une calotte glaciaire... avant de revenir à la vie !

La tortue des Galapagos
Quand il s'agit de réparer son ADN pour augmenter sa longévité, les tortues des Galapagos ne font pas pâle figure non plus. Une étude relayée par Europe 1 a pu mettre en évidence la présence de nombreux gènes qui permettent à ces tortues de réparer leur ADN de manière à pouvoir vivre plus de 150 ans. Ce pouvoir de guérison et d'auto-réparation de ces animaux d'1m80 peuplant les îles des Galapagos n'est pas unique au monde mais n'en est pas moins impressionnante. Certes, contrairement à la méduse immortelle qui est théoriquement capable de survivre indéfiniment, ces tortues ne reviennent pas à l'état embryonnaire mais, pour une application médicale aux êtres humains, ces animaux restent tout autant intéressant. Une fois sous l'eau, la tortue est complètement battue par un autre animal : le requin du Groenland. Il est probablement le vertébré qui vit le plus longtemps sur Terre : plus de 400 ans.

Le homard bleu, tout comme la méduse immortelle, est capable de stopper l'altération de ses cellules grâce à la sécrétion de la télomérase, une enzyme qui participe à ralentir le vieillissement de ce crustacé. Son vieillissement est tellement ralenti que, dans la plupart des cas, il meurt de la fatigue due au poids de sa carapace qui grandit continuellement tout au long de sa vie. De même que pour la méduse immortelle, le potentiel pour les êtres humains est immense.

Le rat taupe nu est un rongeur capable de vivre 8 fois plus longtemps que ses semblables rats. Il est aussi capable de ralentir son vieillissement et de survivre à un milieu sans oxygène pendant plus de 20 min etc. En vérité, "La leçon de Turritopsis est profonde", écrit le zoologiste Ferdinando Boero, qui était responsable du laboratoire qui a découvert pour la première fois la vie immortelle de la méduse dans les années 1990, "... si nous explorons la biodiversité, nous trouverons des organismes exceptionnels qui font des choses exceptionnelles".