Sylvestre : le miraculé des attentats du 13 novembre

11/11/2025

Sylvestre Atchaliso, un ambulancier de 33 ans à Reims, présent près du Stade de France lors des attentats terroristes du 13 novembre 2015, a été sauvé par son smartphone. Le 3ème kamikaze se fait exploser à quelques mètres de lui, et le mobile qu'il portait à l'oreille, acheté quelques jours avant, stoppe net un écrou qui allait lui pulvériser la tête. Sylvestre a également été touché par deux autres impacts, dont un à l'estomac, mais qui a été amorti par sa veste. Il considère sa survie comme un miracle. 

On ne s'explique toujours pas également pourquoi les terroristes ne se sont pas faits exploser à l'intérieur du stade, ou lors du regroupement des spectateurs à l'entrée ou à la sortie du match, ce qui aurait provoqué un carnage similaire au Bataclan. Au final, la mort d'une seule victime (une mort de trop) sera à déplorer, pour trois kamikazes s'étant fait sauter au gilet explosif. Un ange gardien ne serait-il pas passé par là?...

Sylvestre est originaire de Saint-Laurent du Maroni en Guyane. «Mon cousin est venu de Saint-Laurent pour voir son père hospitalisé ici depuis trois mois. Pour lui faire plaisir, je lui ai proposé d'aller voir le match France-Allemagne au Stade de France.» Sylvestre, son cousin et un collègue arrivent avec cinq minutes de retard: ils ne trouvaient pas de place où se garer. 

«En montant la palissade du stade, on a entendu alors une première détonation, vers l'autre côté de la rue. Ils ont dit que c'était une bouteille gaz de chez Mc Donald qui avait peut-être explosé.» L'ambulancier est en train de se renseigner, pour se faire rembourser ses tickets, quand une deuxième détonation retentit. «Les policiers ont commencé à s'exciter et à dire que c'était une bombe qui avait explosé. L'alerte à la bombe a été donnée. 

Le stade est fermé, pour éviter que d'autres gens ne rentrent avec des bombes. Moi, je reste là, à parler avec une policière et une autre dame.» Sylvestre Atchaliso s'apprête à repartir. Il appelle son cousin pour savoir où il se trouve. Celui-ci est dans la voiture, de l'autre côté de la rue. Tout en téléphonant, l'ambulancier regarde une vingtaine de personnes dans la rue, près d'un arrêt de bus. «Je ne sais pas ce qu'ils attendaient, si c'était le bus ou que le feu passe au vert pour traverser. Ils étaient avec des valises.» 

Il voit alors un homme s'approcher d'eux et, arrivé à une vingtaine de mètres, se faire exploser avec sa bombe. «La puissance de l'explosion m'a fait voltiger de l'autre côté de la rue. Une policière m'a aidé à me relever. Sur le coup, j'ai voulu voir comment allaient mon cousin et mon collègue. Ils n'étaient pas loin du lieu de l'attentat. Mais la police me transportait en sens inverse, vers le stade. Ils m'ont interdit d'aller là-bas. Moi, tout ce que je voulais, c'était voir mes amis. Les policiers m'ont dit qu'ils s'en occupaient, de donner leur nom et prénom, et qu'ils iraient les chercher.» 

Sylvestre constate alors qu'il a été touché. «Un impact a touché ma chaussure gauche, me blessant au pied. Un autre m'a brûlé la peau, au niveau du bassin. Un troisième projectile a transpercé mon téléphone que j'avais à l'oreille. J'allais raccrocher quand ça a explosé. C'est ce qui m'a sauvé, sinon ma tête partait. J'étais recouvert de chair humaine. Sur mon blouson et mon pantalon, il y avait des morceaux de peau partout. Des parties du corps déchiqueté du porteur de la bombe étaient éparpillées partout sur le sol. Un bras par-ci, sa tête par-là. C'était horrible.»

Les images défilent alors dans sa tête. Sa famille, qu'il n'a pas vue depuis longtemps. Les projets qu'il avait. «Cet événement, je ne le souhaite à personne. J'ai vu ma mort de très près.» Aujourd'hui, il estime s'être remis psychologiquement. «On m'appelle pour savoir comment je vais. Le fait de parler aux gens m'aide beaucoup. Je n'ai toujours pas réalisé que je suis encore là. Je m'en sors plutôt bien. 

J'ai vu des blessés dans des états horribles. Un gars nous a dit que l'explosion a fait cinq morts. Mon cousin aussi va bien. Mais moralement, ce n'est pas ça. Avec mon collègue, ils étaient en panique. Eux aussi couraient pour venir me chercher. Ils ne savaient pas si je faisais partie des corps éparpillés. On voit ces choses comme ça à la télé. Jamais je n'aurais pensé le vivre en direct.» 

Valérie Atchaliso, la mère de Sylvestre, était à Kourou quand ont eu lieu les attentats: "J'ai appelé mon fils neuf fois, sans réponse. Quand j'en ai entendu parler à la télé, j'ai tout de suite appelé mon fils, pour savoir comment il allait. Il ne répondait pas. D'habitude, dès qu'il voit un appel en absence de ma part, il me rappelle. Là, rien. Je l'ai appelé neuf fois jusqu'à 1 heure du matin. 

J'ai demandé à sa nièce de lui envoyer un message par Whatsapp. Il n'a pas répondu. J'ai cherché à le joindre par tous les moyens. Mais rien.Vers 1 heure, il m'a enfin appelée. J'étais soulagée. Il m'a raconté toute l'histoire en détail. Même s'il me dit que ça va, je ne suis pas rassurée. Je n'arrête pas de penser que j'aurais pu perdre mon fils. Le mieux aurait été qu'il soit avec moi mais la route est longue."

Synthèse des attentats au stade de France

Vers 21h20, aux abords du Stade de France à Saint-Denis, où se déroule le match de football amical France-Allemagne en présence du Président de la République, une première explosion retentit rue Jules Rimet, près de la porte D, alors que le match a entamé sa première mi-temps. Un terroriste vient de faire détoner son gilet explosif, causant la mort d'une personne. Âgé de 63 ans, Manuel COLAÇO DIAS était originaire du Portugal et laisse derrière lui une fille de 33 ans et un fils de 30 ans.

Vers 21h30, un second terroriste se fait exploser rue Jules Rimet, près de la porte H, sans faire de victimes.

Vers 21h53, un troisième individu fait détoner son gilet à 500 mètres des deux explosions, rue de la Cokerie, près d'une enseigne McDonald's, blessant 14 personnes. Le Président de la République est évacué tandis que le match se poursuit jusqu'à son terme. L'enceinte du stade est bouclée, et les spectateurs sont progressivement évacués.

Salim T., affecté à la sécurité du Stade de France le soir du drame, a également affirmé avoir empêché l'un des trois kamikazes, Bilal Hadfi, d'accéder aux tribunes, évitant probablement un massacre d'une toute autre ampleur.